Skip to main content
Caring for kids new to Canada

Guide pour les professionnels de la santé œuvrant auprès des familles immigrantes et réfugiées

L’école et l’éducation

Faits saillants

  • Soyez conscient des problèmes que peuvent affronter les jeunes nouveaux arrivants en milieu scolaire. Informez-vous si les enfants ont des difficultés à l’école et dirigez-les vers des ressources de soutien, au besoin.
  • Aidez les jeunes nouveaux arrivants et leur famille à évoluer dans le système scolaire et à s’y adapter. Certains conseils et commissions scolaires sont dotés de programmes d’accueil pour les jeunes immigrants, vers lesquels les cliniciens pourront diriger leurs patients.
  • Découvrez les organismes et services locaux qui peuvent aider les enfants immigrants et réfugiés à s’adapter au système scolaire canadien.

Introduction

Même si les publications sur le sujet sont limitées, les recherches indiquent que la plupart des enfants immigrants récemment arrivés au Canada réussissent bien à l’école. Notamment, les enfants immigrants d’Afrique, de Chine et d’autres pays d’Asie, d’Inde et du Moyen-Orient obtiennent généralement de meilleurs résultats que leurs homologues canadiens.1

Cependant, les enfants et adolescents nouveaux arrivants ne réussissent pas tous aussi bien. Il est important que les cliniciens soient conscients des problèmes uniques qu’ils affrontent, des facteurs les plus liés à la réussite scolaire et des moyens de les aider à réussir.

Les facteurs qui influent sur l’éducation des jeunes nouveaux arrivants

Les facteurs parentaux

  • Les enfants immigrants de première génération peuvent atteindre un niveau de scolarité supérieur à celui de leurs homologues canadiens.1-3 Ils peuvent être influencés par les attentes élevées de leurs parents relativement à l’éducation, par leur propre résilience et par des pratiques parentales plus traditionnelles, qui soutiennent la régulation affective et comportementale et renforcent l’importance de la réussite scolaire.3
  • Certains parents immigrants sont venus au Canada en raison de la réputation du système d’éducation et peuvent même avoir choisi de vivre dans un certain quartier en raison des résultats aux tests dans les écoles locales.
  • De nombreux immigrants scolarisés sont sous-employés, et il est important de ne pas présumer de leur niveau de scolarisation d’après leur emploi. De plus, le niveau de scolarisation des parents n’est peut-être pas un déterminant de rendement scolaire aussi important chez les enfants de nouveaux arrivants. On constate un niveau de scolarité plus élevé (que celui de leurs homologues canadiens) chez les enfants immigrants dont les parents sont moins scolarisés, mais qui sont en mesure de transmettre et d’entretenir la valeur de l’éducation chez leurs enfants. 1.
  • Les parents qui viennent d’arriver au Canada peuvent avoir des convictions différentes sur le rôle de l’école par rapport à celui de la maison dans l’éducation d’un enfant, comme l’habitude de lire à voix haute pour ou avec l’enfant. Les points de vue ne sont pas nécessairement les mêmes dans tous les groupes de nouveaux arrivants. 4

Les ressources scolaires

  • Les ressources scolaires, telles que les cours de français langue seconde, peuvent accélérer les progrès scolaires des enfants immigrants.5
  • Les enseignants peuvent aider les jeunes immigrants à acquérir un plus grand sentiment d’appartenance envers l’école s’ils entretiennent une relation de soutien avec eux.6 Si l’enfant ne réussit pas bien à l’école ou que les parents expriment des inquiétudes, c’est un volet qui peut être exploré.
  • Les jeunes immigrants ont tendance à mieux s’adapter s’ils fréquentent une école où la densité d’immigration est plus importante.3

Des profils d’habileté scolaire différents

Les jeunes immigrants n’ont pas nécessairement les mêmes habiletés que leurs homologues canadiens à leur rentrée scolaire au Canada, pour diverses raisons :

  • Ils n’ont peut-être pas été exposés à des ressources et activités de promotion de l’alphabétisation précoce et de développement de la petite enfance.4
  • Les parents récemment arrivés au Canada sont peut-être plus susceptibles de choisir des services de garde qui ne sont pas financés par le système public, où les attentes peuvent être plus faibles.8 D’après les recherches, les centres de la petite enfance peuvent favoriser de meilleurs progrès sur le plan du développement chez les enfants. Selon la situation, il peut être bon de recommander et de promouvoir l’inscription d’un enfant dans un milieu de garde plus officiel, surtout en cas d’inquiétudes sur le plan du développement.9-11 Le coût peut constituer un problème dans certaines familles, car l’accès abordable aux services de garde varie selon les régions du pays.
  • Le niveau de stimulation cognitive de l’enfant à la maison peut varier et dépend souvent de la scolarisation des parents avant l’immigration et de leur maîtrise du français ou de l’anglais.12 Les enfants récemment arrivés au Canada n’ont pas toujours accès à des textes écrits et ne sont pas toujours en mesure d’exercer leur littératie dans leur langue maternelle. Si les parents ne parlent pas le français ou l’anglais à la maison, l’évolution de la lecture à l’école peut être retardée. Un module du présent site traite du bilinguisme et l’acquisition du langage chez les enfants immigrants et réfugiés. 

Les stéréotypes liés à l’ethnie (p. ex., que les immigrants réussissent toujours bien à l’école) peuvent cacher des problèmes d’adaptation.7 Même si l’enfant réussit bien, les cliniciens devraient éviter de présumer qu’ils vont bien. La réussite scolaire peut cacher d’autres problèmes sur le plan du développement ou de la santé mentale.

Le rôle du clinicien

Les professionnels de la santé ne devraient pas présumer que les enfants ou les parents néo-canadiens ont les mêmes attentes ou les mêmes attitudes envers l’éducation que leurs homologues canadiens.

Pendant les rendez-vous de suivi en cabinet, il ne faut pas oublier de demander comment les enfants et les familles s’adaptent à leur vie au Canada et si les enfants ont des problèmes à l’école.

Il est bon de s’informer auprès de la famille comment se passe l’éducation, d’une manière adaptée à la culture, et de la diriger vers des ressources communautaires, au besoin. Le respect envers les conseils d’un professionnel de la santé incite souvent la famille à rechercher et à utiliser des services de soutien.

Il faut rechercher les signes indiquant qu’un jeune nouvel arrivant a des problèmes scolaires, en commençant par poser aux parents des questions comme celles-ci :

  • Comment votre enfant s’en tire-t-il à l’école?
  • Comment s’adapte-t-il à la vie à l’école et au travail scolaire?
  • Est-il souvent absent de l’école?

Ces questions peuvent également être dirigées vers l’enfant plus âgé ou l’adolescent, si la situation le justifie.

Les parents récemment arrivés au Canada ne savent pas toujours comment communiquer avec l’école de leur enfant. Ils ne savent peut-être pas à quel point il est habituel pour les parents de défendre les besoins de leur enfant dans le système scolaire. Certains conseils et commissions scolaires sont dotés de centres d’accueil des immigrants qui fournissent de l’information aux parents sur leur rôle à l’école, mais les cliniciens peuvent également faciliter ce processus. Par exemple, il faut vérifier si les parents savent qu’ils peuvent rencontrer l’enseignant de leur enfant et, au besoin, le directeur de l’école, pour leur faire part de leurs préoccupations.

Il faut surveiller les signes indiquant qu’un adolescent risque de décrocher. Habituellement, le taux de décrochage au secondaire est plus élevé chez les enfants qui sont plus âgés au moment de l’immigration. Cet âge peut être un facteur de risque parce que les adolescents éprouvent plus de difficulté à s’adapter au processus d’immigration. Les enfants qui ont vécu un traumatisme à un jeune âge, tel qu’une catastrophe naturelle, peuvent également y être plus vulnérables.13 L’absentéisme scolaire est un signe précoce du risque de décrochage, particulièrement s’il se produit déjà en neuvième année.14 Il faut demander aux parents s’ils reçoivent des avis d’absence de l’école ou s’ils soupçonnent de telles absences. Cette seule question peut contribuer à repérer les situations à risque.

Pour les familles qui éprouvent de tels problèmes, il est important de connaître les organismes et services locaux qui aident les enfants à s’adapter à la scolarité au Canada. Certaines organisations communautaires offrent également de l’aide aux devoirs et du tutorat aux enfants ou adolescents immigrants. 

Certains conseils ou commissions scolaires sont dotés de programmes qui aident les enfants immigrants à intégrer le système scolaire. Ces programmes introduisent les enfants et les parents dans le système, prévoient des évaluations scolaires15 et fournissent un soutien supplémentaire, comme des cours de français ou d’anglais langue seconde. Ces programmes ont tendance à être offerts dans les régions où les populations d’immigrants sont élevées. Par exemple :

Une liste des services par province et par territoire est proposée dans le site Web de Citoyenneté et Immigration Canada, y compris des liens vers les sites Web des conseils ou commissions scolaires qui offrent des services aux jeunes immigrants, tels que les classes d’accueil et les cours de français ou d’anglais langue seconde.

Ce que les professionnels de la santé peuvent faire

  • Soyez conscient des problèmes que les jeunes nouveaux arrivants affrontent en milieu scolaire.
  • Jouez un rôle actif pour aider les jeunes nouveaux arrivants à s’adapter à l’école et à y réussir.
  • Évitez de stéréotyper les patients récemment arrivés au Canada. En raison des préjugés en matière de culture, les problèmes d’adaptation sont plus difficiles à repérer les jeunes nouveaux arrivants. Par exemple, on a tendance à croire que de bons résultats scolaires sont indicatifs d’un bien-être global ou que les enfants immigrants de certaines régions du monde ont toujours de la difficulté à l’école.7
  • Sachez que les familles récemment arrivées au Canada peuvent avoir des attentes et des attitudes différentes envers l’éducation que les parents nés au Canada. Demandez aux familles leurs points de vue sur l’éducation, d’une manière adaptée à leur culture.
  • Rappelez aux familles qu’elles jouent un rôle de soutien inestimable dans l’éducation de leur enfant, en supervisant ses périodes d’étude et en l’aidant dans ses devoirs, si elles sont en mesure de le faire.
  • Dirigez les familles vers des ressources communautaires, au besoin. Demandez toujours si un jeune récemment arrivé au Canada a des problèmes à l’école. Sachez que les enfants exposés à des expériences traumatisantes lorsqu’ils sont très jeunes sont plus vulnérables au décrochage.
  • Tentez de diriger les adolescents vers d’autres services de soutien s’ils accumulent les absences à l’école, particulièrement en neuvième année. 
  • Familiarisez-vous avec les services scolaires locaux qui aident les jeunes nouveaux arrivants à s’intégrer à la vie au Canada. De nombreux systèmes scolaires proposent du soutien et de l’information en plusieurs langues.
  • Sensibilisez les parents à leur rôle dans la supervision des devoirs et à l’aide qu’ils doivent apporter pour respecter les autres attentes en milieu scolaire. Les programmes d’accueil en milieu scolaire peuvent être utiles à cet égard.
  • Encouragez les conseils ou commissions scolaires locaux à offrir des programmes d’accueil aux immigrants. Le service COPE de Calgary est un bon exemple de collaboration entre les services scolaires et de santé qui soutient les enfants récemment arrivés au Canada.
  • Soulignez aux parents et aux patients que les renseignements personnels sont confidentiels. Si vous parlez aux services de soutien ou à l’école en leur nom, aucune information ne leur sera transmise sans autorisation.

Les enfants ayant des besoins scolaires particuliers

Il peut falloir plus de temps pour diagnostiquer les enfants et adolescents immigrants qui ont des besoins scolaires particuliers et pour leur offrir un soutien pertinent, surtout si les parents ne sont pas conscients des conséquences ou qu’ils n’acceptent pas une incapacité donnée. Le module intitulé Les troubles du développement d’une culture à l’autre contient plus d’information sur le contexte culturel et les besoins particuliers

Un parent ou un enseignant peut croire à tort à un retard du langage ou du développement parce que l’enfant ne maîtrise pas le français ou l’anglais.16 Il ne sait peut-être pas qu’un un environnement bilingue ne devrait pas causer de retard du langage. Un parent peut également attribuer les mauvais résultats scolaires à l’attitude de son enfant, ce qui peut nuire à son estime de soi.

Les parents récemment arrivés au Canada ne sont peut-être pas aussi bien informés des prestations gouvernementales offertes aux enfants handicapés que les parents nés au Canada, telles que la Prestation pour enfants handicapés versée par le gouvernement fédéral, et ils ne seront peut-être pas admissibles à de tels programmes avant d’avoir droit à l’assurance-maladie de leur province ou de leur territoire. Il faudra peut-être les rassurer en leur expliquant qu’un soutien à l’éducation spécialisée est offert gratuitement aux enfants en milieu scolaire ou qu’un enfant ayant une incapacité peut tout de même fréquenter l’école. Les services de soutien ne sont pas tous offerts dans la langue maternelle de la famille, mais il est toujours bon de vérifier.

Souvent, les programmes axés sur la santé et les incapacités des enfants font traduire leurs documents en plusieurs langues et facilitent les services d’interprètes dans le cadre de la prestation des services. Il peut être important de diriger les familles vers ces services en cas de problème connu ou craint sur le plan du développement, afin de leur offrir des soins adaptés à leur culture.

Ce que les professionnels de la santé peuvent faire

  • À chaque rendez-vous, demandez si les enfants ont des problèmes scolaires et dirigez les familles vers un spécialiste et des ressources de soutien, si elles sont offertes.
  • Rassurez les parents en leur expliquant qu’un environnement bilingue ne provoque pas de retard de langage. 
  • Si un enfant éprouve des problèmes scolaires ou des besoins particuliers, discutez avec les parents des possibilités d’interaction avec l’école et soulignez leur rôle de défenseur de leur enfant. Un clinicien peut recommander que l’école effectue une évaluation psychoéducative. Cependant, en raison des ressources limitées dans certains systèmes scolaires, il peut être nécessaire d’assurer un suivi supplémentaire pour vérifier si l’évaluation approfondie a bien lieu. Des services de soutien locaux peuvent également contribuer au suivi et à l’offre de ressources. Un module sur l’évaluation du développement figure dans le présent site Web.
  • Soyez à l’affût de la modélisation culturelle ou des attitudes familiales envers un problème de l’enfant, qui risquent de bloquer l’accès aux services. Tentez de trouver de l’information dans la langue maternelle de la famille. Par exemple, le Centre de ressources multiculturelles en santé mentale fournit de l’information en de multiples langues sur des sujets liés à la santé mentale.

Quelques ressources

  1. Citoyenneté et Immigration Canada. Services offerts aux immigrants dans votre région
  2. Les soins aux enfants néo-canadiens. Ressources communautaires à l’intention des familles immigrantes et réfugiés
  3. Les soins aux enfants néo-canadiens. De l’information virtuelle sur la santé pour les parents, dans diverses langues

Références

  1. Picot G, Hou F. Préparation à la réussite au Canada et aux États-Unis : Les déterminants du niveau de scolarité atteint par les enfants d’immigrants. Ottawa, Ontario: Statistique Canada, 2011.
  2. Crosby DA, Dunbar AS. Patterns and predictors of school readiness and early childhood success among young children in black immigrant families. USA:Migration Policy Institute, 2012.
  3. Georgiades K, Boyle MH, Duku E. Contextual influences on children’s mental health and school performance: The moderating effects of family immigrant status. Child Dev 2007;78(5):1572-91.
  4. Jung S, Fuller B, Galindo C. Family functioning and early learning practices in immigrant homes. Child Dev 2012;83(5):1510-26.
  5. Han WJ. The academic trajectories of children of immigrants and their school environments. Dev Psychol 2008;44(6):1572-90.
  6. Chiu MM, Pong SL, Mori I, Chow BW. Immigrant students’ emotional and cognitive engagement at school: A multilevel analysis of students in 41 countries. J Youth Adolesc 2012;41(11):1409-25.
  7. 7.Kilbride KM, Anisef P, Baichman-Anisef E, Khattar R. Between Two Worlds: The Experiences and Concerns of Immigrant Youth in Ontario. Joint Centre of Excellence for Research on Immigration and Settlement – Toronto, 2003.
  8. Bradley RH. Immigration et acculturation, services de garde et éducation. In: Tremblay RE, Boivin M, Peters RDeV, éd. Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants [en ligne]. Montréal, Québec : Centre d’excellence pour le développement des jeunes enfants et Réseau stratégique de connaissances sur le développement des jeunes enfants; 2011:1-7.
  9. 9.Patel S, Corter CM. Building capacity for parent involvement through school-based preschool services. Early Child Development and Care 2013;183(7):981-1004.
  10. Takanishi R. Leveling the playing field: Supporting immigrant children from birth to eight. The Future of Children 2004;14(2):61-79.
  11. Lang M, comité de la pédiatrie communautaire, Société canadienne de pédiatrie. Les répercussions de la fréquentation des services de garde sur la santé des enfants. Partie A : Les tendances canadiennes des issues du comportement et du développement sur les enfants en service de garde. Paediatr Child Health 2008;13(2) :869-74.
  12. Pong SL, Landale NS. Academic achievement of legal immigrants’ children: The roles of parents’ pre‐ and postmigration characteristics in origin‐group differences. Child Dev 2012;83(5):1543-59.
  13. Corak M. L’âge au moment de l’immigration et les résultats scolaires des enfants. Direction des études analytiques : documents de recherche, catalogue no 11F0019M — no 336. Ottawa, Ontario: Statistique Canada, 2011.
  14. Heppen JB, Therriault SB. Developing early warning systems to identify potential high school dropouts. National High School Center, 2009.
  15. Hammer K. Why highly educated immigrant parents choose Canada. The Globe and Mail. Le 3 septembre 3 2012.   
  16. Hibel J, Jasper AD. Delayed special education placement for learning disabilities among children of immigrants. Social Forces 2012;91(2):503-30.
 

Réviseurs scientifiques

William Mahoney, MD

Mise à jour : février, 2023