La carence en fer et l’anémie ferriprive
Faits saillants
- Tous les enfants nouvellement arrivés qui sont réfugiés, issus de l’adoption internationale ou immigrants et qui viennent de pays aux ressources limitées devraient subir une formule sanguine en vue du dépistage initial de l’anémie ferriprive.
- L’incidence d’anémie ferriprive est élevée chez les enfants réfugiés. C’est la principale carence nutritionnelle dans le monde.
- La carence alimentaire est la principale cause d’un faible taux de fer. Des infections et des maladies chroniques, notamment le paludisme et les infections parasitaires récurrentes, peuvent aggraver l’anémie.
- La carence en fer peut être responsable d’un retard de développement cognitif et physique, d’un déficit d’acquisition des aptitudes langagières et des aptitudes à l’apprentissage et d’une augmentation des risques d’infection chez les enfants et les adolescents.
- Tous les enfants qui présentent une anémie ferriprive devraient recevoir du fer à dose thérapeutique. Ils doivent toutefois subir un dépistage d’hémoglobinopathie avant d’amorcer le traitement.
La prévalence
La carence en fer est la principale carence nutritionnelle dans le monde.1 Elle touche la moitié des enfants de pays aux ressources limitées, et la prévalence déclarée de ses conséquences, l’anémie, est également élevée chez les enfants réfugiés.1 Chez les enfants d’Afrique qui ont été des réfugiés pendant une période prolongée, on estime que la carence en fer oscille entre 23 % et 75 %.2
La définition
Les définitions d’anémie légère, modérée et grave d’après le taux d’hémoglobine sont présentées au tableau 1.
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Anémie, taux d’hémoglobine, g/L |
|||
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|
Plage saine |
Légère |
Modérée |
Grave |
Enfants de 6 à 59 mois |
≥110 |
de 100 à 109 |
de 70 à 99 |
<70
|
Enfants de 5 à 11 ans |
≥115 |
de 110 à 114 |
de 80 à 109 |
<80 |
Enfants de 12 à 14 ans |
≥120 |
de 110 à 119 |
de 80 à 109 |
<80 |
Femmes qui ne sont pas enceintes (≥ 15 ans) |
≥120 |
de 110 à 119 |
de 80 à 109 |
<80 |
Hommes (≥ 15 ans) |
≥130 |
de 110 à 129 |
de 80 à 109 |
<80 |
Femmes enceintes |
≥110 |
de 100 à 109 |
de 70 à 99 |
<70 |
Source : Adapté de l’Organisation mondiale de la santé. Concentrations en hémoglobine permettant de diagnostiquer l’anémie et d’en évaluer la sévérité. Système d’informations nutritionnelles sur les vitamines et les minéraux. Genève, Suisse: OMS, 2011 (WHO/NMH/NHD/MNM/11.1). |
L’étiologie
L’insuffisance alimentaire est la principale cause de carence en fer. Elle est causée par une biodisponibilité insuffisante du fer dans les aliments ou par des facteurs liés à une mauvaise absorption. Des facteurs non alimentaires peuvent contribuer à l’anémie, tels que des infections parasitaires, un paludisme récurrent et des infections chroniques.1 D’autres maladies chroniques, notamment les anémies héréditaires (p. ex., drépanocytose, thalassémies) sont exacerbées par la carence en fer.
Les conséquences
La carence en fer peut entraîner un retard du développement cognitif et physique et un déficit d’acquisition des aptitudes langagières et des aptitudes à l’apprentissage, sans compter qu’elle accroît le risque d’infection chez les enfants et les adolescents.1
Le dépistage
Tous les enfants nouvellement arrivés qui sont réfugiés, issus de l’adoption internationale ou immigrants et qui viennent de pays aux ressources limitées devraient subir une formule sanguine en vue du dépistage initial de l’anémie ferriprive. Un nourrisson chez qui on constate une anémie devrait subir un test de ferritine sérique, qui reflète les réserves organiques de fer. C’est l’un des premiers indicateurs d’un épuisement des réserves de fer,3 mais les résultats peuvent être élevés en raison d’une maladie inflammatoire qui masque la carence en fer. Les enfants qui proviennent de régions endémiques ou qui font partie d’une ethnie à risque devraient subir un test d’hémoglobinopathie (chromatographie en phase liquide à haute performance [CLHP] ou analyse de l’hémoglobine [p. ex., électrophorèse de l’hémoglobine]) et de déficit en G6PD s’ils viennent de régions endémiques comme la Méditerranée, l’Afrique ou l’Asie.
Le traitement
Les cliniciens doivent vérifier les antécédents alimentaires des enfants atteints d’anémie ferriprive et donner de l’information aux familles de nouveaux arrivants sur les aliments adaptés à leur culture qui contiennent un fort taux de fer.
Tous les enfants qui présentent une anémie ferriprive devraient recevoir du fer thérapeutique. Ils doivent toutefois subir un dépistage d’hémoglobinopathie avant d’amorcer le traitement.
Les enfants ayant une hémoglobinopathie peuvent également présenter une carence en fer et doivent faire l’objet d’un suivi étroit afin de prévenir une surcharge en fer.
Le traitement par sulfate ferreux
Les enfants qui font de l’anémie ou dont le taux de ferritine est faible devraient recevoir des doses thérapeutiques de fer. Le fer élémentaire est offert sous plusieurs formes, dont le sulfate ferreux ou le fumarate. Afin d’éviter la confusion, il faut demander du fer élémentaire et préciser la quantité de gouttes, de sirop ou de comprimés à administrer. La dose à administrer est de 4 mg/kg/jour à 6 mg/kg/jour divisés en trois doses (toutes les huit heures) pendant deux à quatre mois. Il faut surveiller étroitement la formule sanguine et les taux de ferritine pendant cette période.
Poids en kg |
Dose quotidienne de fer, en mg de fer élémentaire |
Gouttes de Fer-in-Sol* (15 mg/mL) |
Sirop de Fer-in-Sol * |
Comprimés* |
Sirop de PALAFER† |
FeraMAX |
---|---|---|---|---|---|---|
de 2,5 à 4 |
15 |
0,5 mL bid |
1 mL bid |
|
0,5 mL bid |
1,25 mL (¼ c. thé) sid |
de 5 à 9 |
30 |
1 mL bid |
2,5 mL bid |
|
0,5 mL tid |
2,5 mL (½ c. thé) sid |
de 10 à 19 |
60 |
2 mL bid |
5 mL bid |
|
1,5 mL bid |
5 mL (1 c. thé) sid |
de 20 à 29 |
120 |
|
10 mL bid |
1 co bid |
3 mL bid |
5 mL (1 c. thé) bid |
de 30 à 49 |
de 160 à 180 |
|
|
1 co tid |
4 mL bid |
1 capsule sid |
> 50 |
de 180 à 240 |
|
|
1 co tid ou qid |
5 mL bid |
2 capsules sid |
*Fer élémentaire. Quantité de sulfate ferreux : gouttes 75 mg/mL, sirop 30 mg/mL, 300 mg/co. †Fer élémentaire. Quantité de fumarate ferreux : 60 mg/mL. |
Quelques ressources
- Centers for Disease Control and Prevention. Immigrant and refugee health.
- Santé Canada, 2007. Bien manger avec le Guide alimentaire canadien est offert dans de nombreuses langues.
- U.S. Department of Health and Human Services, Centers for Disease Control and Prevention, National Center for Emerging and Zoonotic Infectious Diseases. Guidelines for evaluation of the nutritional status and growth in refugee children during the domestic medical screening process. Bethesda, MD: CDC, April 2012.
- OMS. Worldwide prevalence of anaemia 1993–2005. Genève, Suisse:OMS, 2008.
Références
- U.S. Department of Health and Human Services, Centers for Disease Control and Prevention, National Center for Emerging and Zoonotic Infectious Diseases. Guidelines for evaluation of the nutritional status and growth in refugee children during the domestic medical screening examination. Bethesda, MD: CDC, April 2012.
- Seal AJ, Creeke PI, Mirghani Z et coll. Iron and vitamin A deficiency in long-term African refugees. J Nutr 2005;135(4):808-13.
- Zlotkin S. Clinical nutrition: 8. The role of nutrition in the prevention of iron deficiency anemia in infants, children and adolescents. CMAJ 2003;168(1):59-63.
Réviseurs scientifiques
Anna Banerji, MD
Andrea Hunter, MD
Mise à jour : septembre, 2016