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Caring for kids new to Canada

Guide pour les professionnels de la santé œuvrant auprès des familles immigrantes et réfugiées

La santé des adolescents immigrants, partie 2 : conseils pour les cliniciens

Faits saillants

  • Les professionnels de la santé peuvent promouvoir le développement positif des adolescents immigrants. Des soins adaptés à la culture et au développement tiennent compte des forces, de la confidentialité ainsi que de l’intégration et du développement de l’identité tout en favorisant des approches inclusives et respectueuses des adolescents immigrants.
  • Les dispensateurs de soins devraient systématiquement rencontrer les adolescents immigrants seuls pendant une partie de leur rendez-vous et effectuer une entrevue psychosociale confidentielle, fondée sur leurs forces et adaptée à leur développement (au moyen des questionnaires HEEADSSS et SSHADESS) afin d’évaluer les problèmes psychosociaux délicats.
  • Les professionnels de la santé peuvent promouvoir une adaptation et des comportements sains, contribuer à établir des facteurs de protection comme des liens positifs avec les camarades et la famille et des relations bienveillantes avec des adultes, et s’assurer que les approches des soins sont pertinentes et adaptées à la culture.
  • Les professionnels de la santé devraient savoir que l’intégration culturelle, linguistique et religieuse peut avoir une influence sur :
    • les facteurs de stress psychosociaux et la santé mentale,
    • les tendances suicidaires,
    • la dynamique familiale et les conflits familiaux,
    • la santé sexuelle et reproductive,
    • la consommation de substances psychoactives,
    • les conflits, la délinquance, la violence chez les jeunes.
  • Il faut éviter de demander aux adolescents d’être les interprètes des autres membres de leur famille. Pour toutes les personnes en cause, la pratique exemplaire consiste à obtenir les services d’interprètes professionnels.
  • Les adolescents immigrants forment un groupe exceptionnellement diversifié. Des interventions adaptées au développement et une approche inclusive des soins sont essentielles pour aider cette population à faire des transitions importantes.

Des priorités en matière de santé

La morbidité et la mortalité des adolescents sont souvent attribuables à des accidents, au suicide, à la violence et à d’autres situations évitables1. En effet, les blessures et le suicide sont les deux principales causes de décès chez les jeunes Canadiens de 15 à 24 ans2. D’autres préoccupations importantes pour la santé des adolescents touchent les troubles de santé mentale, les infections transmises sexuellement (ITS) la consommation de substances psychoactives, les agressions et la violence, le manque d’activité physique et l’insécurité alimentaire3.

Pour en savoir plus, voir le module intitulé La santé des adolescents immigrants, partie 1 : historique et contexte, qui décrit des enjeux comme le développement de l’identité et l’acculturation, les déterminants sociaux, les facteurs de risque et les facteurs de protection pour la santé des adolescents immigrants.

Il est particulièrement important d’être attentif à certains problèmes courants dans le cadre des soins aux adolescents immigrants, dont les préoccupations prioritaires en matière de santé chevauchent celles de leurs camarades d’origine canadienne, à la fois dans la vie quotidienne et dans les publications scientifiques. Les thèmes comprennent :

  • les facteurs de stress psychosociaux et la santé mentale,
  • les tendances suicidaires,
  • la dynamique et les conflits familiaux,
  • la santé sexuelle et reproductive,
  • la consommation de substances psychoactives,
  • les conflits, la délinquance, la violence chez les jeunes.

D’autres enjeux liés à la santé des adolescents sont détaillés dans d’autres modules du présent site Web, consacrés entre autres à la dépression, au syndrome de stress post-traumatique, à la consommation de substances psychoactives, à l’obésité et à la promotion de la santé mentale.

La communication sur la santé sexuelle

Sara est une adolescente de 16 ans née au Canada, dont les parents ont émigré des Philippines. Elle a récemment commencé à avoir des relations sexuelles complètes avec son amoureux. La semaine précédant son rendez-vous chez le médecin, son amoureux l’a convaincue d’avoir des relations sexuelles non protégées, et elle craint maintenant d’être enceinte. Sara se confie à sa meilleure amie, qui la convainc de consulter dans une clinique.

Sara a peur de parler de sexualité à un étranger et redoute particulièrement que sa mère soit informée. Sa mère est arrivée au Canada pour travailler comme aide familiale résidente. À titre de mère monoparentale, elle peine à faire vivre sa famille. Son père travaillait dans un restaurant, mais est décédé lorsque Sara était très jeune. Des membres de la famille de Sara habitent près de chez elle. Ils sont arrivés au Canada lorsqu’elle était au début de l’adolescence. Elle ne se sent pas particulièrement près d’eux, mais elle vous parle d’une jeune tante, qui a seulement 27 ans et qui, comme Sara, est née au Canada. Elle précise : « Elle semble me comprendre mieux que ma mère. »

En ses propres mots, Sara se sent « plutôt canadienne » et passe la majeure partie de son temps avec des adolescents nés au Canada. Elle dit : « Ma mère est vraiment traditionnelle. Je ne peux pas lui parler de fréquentations ou de relations sexuelles. Elle ne comprendrait pas et serait très fâchée. » Sara appréhende d’en parler à quiconque dans sa famille, au cas où sa mère l’apprendrait, et a aussi peur que ses autres amis le découvrent. Elle se demande aussi si elle peut faire confiance au médecin ou à l’infirmière de la clinique : « Et s’ils en parlaient à ma mère? »

Questions à envisager

1. Quelles sont les principales inquiétudes de cette patiente?

  • Pression exercée pour avoir des relations sexuelles non protégées, ainsi que les risques connexes de grossesse non planifiée et d’ITS
  • Facteurs de stress financiers dans la famille
  • Manque de confiance envers les dispensateurs de soins, au moins en partie à cause de la méfiance au sujet de la confidentialité
  • Relations familiales complexes, probablement liées à l’intégration sociale limitée de la mère de Sara et à d’autres écarts d’acculturation

2. Quelles sont les étapes suivantes?

  • Établir une relation et inspirer la confiance. Pour rassurer Sara, lui expliquer que les renseignements personnels et la confidentialité ont tout autant d’importance pour vous, le dispensateur de soins, que pour elle.
  • Effectuer une évaluation psychosociale pour évaluer la santé sexuelle de Sara (particulièrement les risques de grossesse et d’ITS), de même que les facteurs de risque et les facteurs de protection liés à la famille, au fonctionnement social et à la santé mentale.
  • Évaluer les attitudes, les croyances et les connaissances en matière de santé mentale.
  • Donner des conseils sur les risques de grossesse et d’ITS et les pratiques sexuelles plus sécuritaires (particulièrement l’utilisation du condom et des contraceptifs hormonaux).
  • Effectuer des tests de dépistage des ITS.
  • Proposer un test de grossesse ou une contraception d’urgence, si la situation le justifie.
  • Évaluer les facteurs de stress potentiels liés à l’immigration et à l’acculturation : conflits familiaux, stress économique, santé mentale et stratégies d’adaptation, de même que les rapport de connexité que cette patiente entretient avec d’autres adultes empathiques et avec des camarades qui adoptent un comportement prosocial.

3. Vers quels services Sara devrait-elle être dirigée?

  • Si vous n’êtes pas en mesure d’offrir des services de santé sexuelle et reproductive confidentiels à l’adolescente dans votre milieu clinique, la diriger vers un dispensateur de soins ou un service pertinent dans votre collectivité.
  • Si vous constatez d’importants problèmes de santé mentale, la diriger vers des services locaux de santé mentale adaptés à son développement et à sa culture.
  • Orienter Sara vers des organisations communautaires pour adolescents qui font la promotion de comportements sains et d’un développement positif.

Points d’apprentissage

Les soins visent à accroître les facteurs de protection et à réduire les facteurs de risque auxquels est exposée Sara dans tous les secteurs de sa vie : individuel, familial et communautaire.

Interventions individuelles

  • Évaluer et traiter en fonction de la santé sexuelle, de la prévention des ITS et des grossesses non planifiées.
  • Donner des conseils sur le développement sexuel sain, les relations saines et la prise de décision sur la sexualité.
  • Évaluer le degré d’acculturation et l’identité personnelle.
  • Parler de confidentialité et des lois s’y rapportant.

Interventions familiales

  • Tenir compte de « l’écart d’acculturation », qui désigne les différences d’intégration sociale entre le parent et l’enfant. Ainsi, les différences de croyances et d’affiliations culturelles contribuent aux problèmes de communication.
  • Si Sara est d’accord, travailler avec elle et sa mère pour mettre au jour et surmonter l’écart d’acculturation et de génération entre elles. Envisager de les diriger vers des ressources de consultation familiale adaptées à leur culture.

Interventions communautaires

Aider Sara à nouer une relation avec un adulte empathique et compréhensif (comme un mentor ou sa tante), avec qui elle peut parler de relations amoureuses et de santé sexuelle.
Inciter Sara à s’inscrire à des organisations de jeunes qui favorisent l’identité biculturelle et le développement harmonieux des adolescents.

Les facteurs de stress psychosociaux et la santé mentale

« Ce n’est pas facile d’immigrer. Ça coûte cher et on ne sait pas si on est accepté. Ça ajoute beaucoup de stress et d’incertitude dans les familles et ça nuit au bien-être affectif et à la performance scolaire des jeunes. »

Source : Fresh Voices 2013

Les adolescents immigrants affrontent des facteurs de stress psychosociaux qui touchent plusieurs aspects de leur vie (individuel, familial, environnemental). Ces facteurs peuvent avoir des répercussions positives ou négatives sur la santé physique, les relations familiales et les systèmes de soutien communautaire. Pour en savoir plus, consulter le module sur la promotion de la santé mentale, dans le présent site Web.

Selon les études, les adolescents immigrants de première génération vivent plus de détresse psychologique que ceux de deuxième génération ou des générations subséquentes4. Bien que les adolescents nés à l’extérieur du Canada déclarent généralement le même taux de stress, de désespoir et de tendances suicidaires que les adolescents nés au Canada, les femmes nées à l’étranger sont moins susceptibles de s’automutiler que leurs homologues canadiennes (22 % par rapport à 18 %)5. La période qui s’est écoulée depuis l’immigration peut également influer sur la santé mentale. Par exemple, dans certains sous-groupes, les adolescents immigrants qui habitent au Canada depuis cinq ans ou moins sont plus susceptibles de se dire extrêmement désespérés que ceux qui sont au Canada depuis plus de dix ans6.

Les filles nouvellement arrivées au Canada décrivent l’immigration comme un processus de déracinement qui s’associe à de nombreuses pertes d’amis, de membres de la famille et de sentiment d’appartenance7. Parmi les sources de stress mental, elles citent l’adaptation à un nouveau mode de vie, l’orientation dans un nouveau lieu, les inquiétudes relatives à la sécurité personnelle et la recherche d’un emploi. Les facteurs de stress liés au système de santé incluent l’adaptation à une nouvelle culture de soins et l’apprentissage du mode d’accès aux services8.

La santé mentale

Les troubles de santé mentale sont de plus en plus reconnus comme un problème de santé publique chez les adolescents. Au Canada, les jeunes de 15 à 24 ans déclarent des taux plus élevés de troubles de l’humeur (8,2 %) et de troubles liés à la consommation de substances psychoactives (11,9 %) que tout autre groupe d’âge9. La dépression (13 % chez les filles, 5 % chez les garçons), les troubles anxieux et les crises de panique (13 % chez les filles, 4 % chez les garçons) et le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (4 % chez les filles, 7 % chez les garçons) font partie des troubles courants10. Les troubles de santé mentale trouvent souvent leur origine dans l’enfance ou l’adolescence. Par ailleurs, une mauvaise santé mentale est étroitement liée à la violence, à la consommation de substances psychoactives et au suicide plus tard dans la vie11.

Au départ, les troubles de santé mentale sont plus faibles chez les immigrants qu’au sein de la population canadienne, mais ils tendent à converger au fil du temps12. Selon certaines données, les taux de dépression sont plus faibles chez les adolescents immigrants que chez ceux d’origine canadienne13, mais les taux de troubles de santé mentale varient énormément en fonction des groupes d’immigrants14,15. Par exemple, une étude a établi une plus forte prévalence de psychopathologie chez les adolescents réfugiés qui habitent au Québec16.

Pour obtenir des renseignements et des conseils cliniques sur des problèmes de santé précis, consulter les modules suivants :

La promotion de la santé mentale des adolescents

Pour promouvoir la santé mentale, il faut se pencher sur les facteurs de risque et de protection, multiplier les interventions dans divers milieux et insister sur l’autonomisation et la résilience17.

Les facteurs de risque de troubles de santé mentale chez les adolescents

  • Des antécédents personnels ou familiaux de maladie mentale.
  • Un traumatisme avant la migration (p. ex., séjour dans un camp de réfugiés, préjudices provoqués par l’homme ou autre catastrophe). Les expériences traumatiques avant la migration accroissent les risques de troubles mentaux et affectifs, tels que le syndrome de stress post-traumatique et la dépression18-20.
  • L’intimidation et la discrimination liées à la race14,15,20,21.
  • L’obligation d’aider les parents à s’y retrouver dans la nouvelle culture, peut-être même d’être le « courtier culturel » ou le « guide dans le système », bien au-delà de l’âge et de la maturité21-23.
  • Les barrières de la langue, la difficulté à s’adapter au système d’éducation canadien, la honte d’être en classe d’accueil, l’intimidation et la discrimination liées à la race et le chômage ou l’absence d’emploi des parents21.
  • Une forte identification à la communauté d’origine, particulièrement lorsqu’elle est marginalisée et fait l’objet de discrimination5,23,24.
  • Les problèmes d’identité de genre. Au sein de la population générale, les adolescents lesbiennes, gays et bisexuels risquent davantage de faire des tentatives de suicide que les adolescents hétérosexuels (28 % plutôt que 4 %)5.
  • La maltraitance physique ou sexuelle5
  • Les préjugés, la honte et les perceptions ou les convictions culturelles différentes à l’égard de la santé mentale peuvent empêcher la famille ou l’adolescent de confier ses problèmes et de demander de l’aide. Pour en savoir plus sur les obstacles culturels aux soins, voir le module intitulé La promotion de la santé mentale, dans le présent site Web.
  • Les événements négatifs de l’enfance, comme l’éclatement familial, la maladie mentale ou la consommation de substances psychoactives à la maison ou la maltraitance, particulièrement s’il y a eu au moins trois occurrences de violence15,25-27.

Les facteurs de protection en santé mentale

  • Un solide sentiment d’appartenance ou des rapports de connexité avec la famille. La cohésion entre les parents et l’enfant s’associent à un taux plus faible de symptômes dépressifs. L’appartenance familiale réduit le risque de détresse émotionnelle6,28.
  • Un solide sentiment d’appartenance ou des rapports de connexité avec l’école. Une expérience scolaire positive contribue à réduire la détresse affective6.
  • La présence d’un adulte avec qui parler à l’intérieur ou à l’extérieur de la famille5.
  • Des relations positives avec les camarades, surtout si ceux-ci découragent les comportements à risque5,28.
  • La participation à des activités parascolaires5.
  • La participation à des activités constructives5. Le soutien affectif peut provenir de systèmes de soutien officieux (p. ex., famille, communauté ethnique locale, amis) ou officiels (p. ex., institution religieuse, enseignants à l’école, classe d’accueil ou programmes communautaires pour les jeunes)21.
  • Une meilleure intégration sociale ou une meilleure acculturation.  

Les tendances suicidaires

D’après les publications scientifiques limitées sur les tendances suicidaires chez les adolescents immigrants du Canada, les comportements suicidaires sont, en moyenne, moins élevés que chez les jeunes d’origine canadienne. Cependant, on a signalé des augmentations isolées des comportements suicidaires14,15, et une étude britanno-colombienne a révélé que les jeunes immigrants déclaraient avoir un taux d’idéation suicidaire comparable à celui des jeunes nés au Canada5.

Une étude systématique de huit études d’observation menées dans des pays à revenu élevé a révélé que l’idéation suicidaire était plus faible dans la plupart des ethnies des jeunes immigrants15. Aux Pays-Bas, des taux d’idéation suicidaire élevés semblent être liés à la violence et à l’instabilité au sein des familles immigrantes29. Comme chez les non-immigrants, des taux de suicide plus élevés s’associent à un âge plus avancé, à la consommation de substances psychoactives et à des facteurs psychologiques comme la dépression et la solitude.

D’autres facteurs exacerbent la détresse psychologique et l’idéation suicidaire :

  • Un écart perçu entre l’enfant et ses parents à l’égard de la préférence pour le mode de vie du pays d’accueil au début de l’adolescence. L’écart d’acculturation s’associe à des symptômes dépressifs à la fin de l’adolescence30.
  • L’augmentation du stress lié à l’acculturation31.
  • L’absence de soutien parental32.

Les facteurs de protection

  • La vie dans une famille intacte peut être particulièrement protectrice32.

La dynamique familiale et les conflits familiaux

La dynamique particulière d’une famille immigrante peut être liée à la fois à des facteurs de protection et à des facteurs de risque en matière de santé de l’adolescent. La structure familiale peut également y jouer un rôle (voir l’encadré ci-dessous).

Modèles de structures familiales

Famille nucléaire : Les deux parents immigrent avec leurs enfants.
Famille « astronaute » : Un parent immigre avec ses enfants.
Famille « satellite » : Les enfants immigrent sans leurs parents et habitent avec des membres de leur parenté.
Famille d’accueil : Un enfant qui fréquente l’école secondaire au Canada habite dans une famille qui l’héberge.

Les effets protecteurs

  • Les rapports de connexité familiale (sentiment d’appartenance, d’être pris en charge) et les rapport de connexité scolaire s’associent fortement à une bonne santé mentale5.
  • La perception de cohésion entre l’enfant et les parents (le sentiment que les parents, particulièrement la mère, comprennent et sont affectueux) s’associe à un taux plus faible de symptômes dépressifs28.
  • Les adolescents qui vivent avec leurs deux parents ont de meilleurs résultats scolaires et un taux de suicide plus faible32.
  • Les adolescents immigrants qui peuvent parler de leurs problèmes avec un adulte de la famille sont moins susceptibles d’envisager le suicide que ceux qui n’ont pas ce soutien parental5.
  • Selon les recherches émergentes au sein de familles asiatiques immigrantes, un style parental qui combine les aspects autoritaires et compréhensifs (qui équilibrent la chaleur, la négociation et les conseils) et le biculturalisme (qui mêlent les valeurs de la culture d’accueil et de la culture d’origine) s’associent à une adaptation psychosociale et scolaire positive. Un soutien parental peut également réduire les risques liés à l’écart d’acculturation entre les enfants et les parents (voir ci-dessous)30,33-34.

« J’ai été séparé de mon père, que je n’ai pas vu pendant des années… Ma vie est devenue beaucoup plus facile lorsque les problèmes d’immigration de ma famille ont été réglés. »

« Ma mère veut que je porte ce qu’elle choisit et pas ce que les autres jeunes Canadiens portent. »

« Je suis devenu chef de famille pour faire la traduction et les orienter dans le système, [ce] qui a nui à ma performance scolaire. »

Source : Fresh Voices 2013

Les facteurs de risque

  • L’absence de soutien parental s’associe à la détresse et à l’idéation suicidaire, à la consommation de substances psychoactives et au risque de violence sexuelle32,35.
  • Les problèmes qu’éprouvent les adolescents immigrants à résoudre les conflits avec leur mère s’associent à des taux élevés de symptômes dépressifs28.
  • Lorsque les parents vivent à l’étranger, les jeunes immigrants déclarent être mal supervisés, en vouloir à leurs parents, vivre plus de conflits familiaux et éprouver des symptômes de troubles de santé mentale32,36.
  • D’après des recherches préliminaires auprès des familles asiatiques immigrantes, un parent au style autoritaire (le « parent tigre », à ne pas confondre avec le style autoritatif) favorise les conflits familiaux et les difficultés d’adaptation scolaire et psychologique30,33,37.

Les conflits familiaux peuvent inclure :

  • les écarts d’acculturation ou la discordance culturelle intergénérationnelle. La discordance culturelle désigne le sentiment de tension, de discorde et de conflit que vivent les familles qui s’adaptent à un milieu socioculturel en mutation.
  • le fossé linguistique.
  • le renversement des rôles (le rôle du jeune comme interprète pour la famille).
  • les points de vue et les attentes conflictuels sur le rôle des genres, les amoureux et la sexualité20.

Les écarts d’acculturation au sein des familles sont un facteur de risque de conflit et d’aliénation entre les parents et l’enfant, de troubles de santé mentale, de fonctionnement scolaire sous-optimal, de consommation de substances psychoactives et de délinquance37-40.

La santé sexuelle et reproductive

Les adolescents immigrants reçoivent des messages contradictoires de leur famille et des médias canadiens sur le comportement sexuel et la santé sexuelle. En général, ils ont moins accès à l’information sur la santé sexuelle et reproductive et aux soins s’y rapportant que les jeunes d’origine canadienne19. Cependant, les dispensateurs de soins ne devraient jamais généraliser ou stéréotyper leurs clients ou leurs patients en fonction de leur culture.

Les facteurs qui influent sur la santé sexuelle des adolescents immigrants :

  • Les connaissances et les attitudes : Les adolescents immigrants peuvent venir de pays ayant des points de vue culturels ou religieux bien arrêtés sur les fréquentations, les relations générales, la sexualité des adolescents, le rôle et l’identité des genres ainsi que l’orientation sexuelle. Le contexte culturel aura non seulement une incidence sur leurs propres connaissances et attitudes en matière de santé sexuelle, mais il s’opposera aux messages transmis par la culture populaire. La confusion relative à la santé sexuelle est souvent aggravée par un accès insuffisant à l’éducation sexuelle et aux soins sur la santé sexuelle19. Une analyse bibliographique de jeunes Chinois immigrés dans des pays occidentaux a révélé de moins bonnes connaissances en matière de santé sexuelle que chez les jeunes Blancs, des taux plus élevés de désapprobation à l’égard de relations sexuelles sans engagement et un début plus tardif des relations sexuelles41.
  • L’acculturation : Les publications scientifiques sur l’acculturation et les comportements sexuels des adolescents immigrants sont complexes. Les liens entre le degré d’acculturation et le comportement sexuel sont compliqués par l’ethnie, les compétences parentales et d’autres facteurs sociaux et culturels42,43. En général, plus les adolescents immigrants sont acculturés, plus ils sont susceptibles de participer à des relations sexuelles sans engagement, d’avoir leur première relation sexuelle plus jeunes et d’utiliser des contraceptifs41,42,44-46. D’après une étude auprès d’élèves est-asiatiques qui fréquentaient des écoles secondaires de la Colombie-Britannique, les jeunes immigrants qui parlaient anglais à la maison étaient plus susceptibles d’avoir des relations sexuelles47. En plus d’avoir leurs premières relations sexuelles plus jeunes, les adolescents acculturés ont des aspirations scolaires et professionnelles plus élevées et considèrent la monoparentalité comme une option plus viable que les adolescents moins acculturés48,49.
  • Les facteurs familiaux : Selon une étude britanno-colombienne, les adolescents est-asiatiques qui arrivaient seuls pour étudier au Canada étaient beaucoup plus susceptibles de déclarer consommer des substances psychoactives avant d’avoir des relations sexuelles et d’être victimes de violence sexuelle que les jeunes est-asiatiques qui immigraient avec leurs parents ou qui étaient nés au Canada35. Une étude auprès d’adolescents sino-américains a révélé que la vie avec les deux parents s’associait à une plus faible probabilité de relations sexuelles50, même si les adolescents immigrants asiatiques déclarent également éprouver de la difficulté à parler de relations sexuelles avec leurs parents41,42. La culture des familles immigrantes peut également avoir une incidence sur le soutien ou le rejet de leurs jeunes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT).

Ces jeunes rejetés par leur famille sont plus vulnérables à des troubles de santé mentale, à la consommation de substances psychoactives et à des comportements à risque51.

La consommation de substances psychoactives

Les données sur la consommation de substances psychoactives chez les adolescents immigrants au Canada sont limitées. Les associations suivantes sont toutefois démontrées :

  • Les troubles de consommation de substances psychoactives sont moins courants chez les adolescents immigrants de première génération que chez ceux de deuxième génération,des générations subséquentes ou non immigrants4,52. Cette tendance peut être attribuable à un plus fort sentiment d’identité, de soutien familial et de résilience2,53,54. Les adolescents immigrants de deuxième génération et des générations subséquentes risquent davantage de participer à des beuveries, de consommer de la drogue et d’avoir des comportements délinquants que ceux de première génération4.
  • Les facteurs de risque de consommation de substances psychoactives chez les adolescents immigrants incluent l’absence de soutien familial et une plus grande acculturation55-57.

Plus d’information sur la consommation de substances psychoactives chez les jeunes immigrants et réfugiés figure dans un autre module du présent site Web.

Les conflits, la délinquance et la violence

Comme chez les autres jeunes, la délinquance chez les adolescents immigrants est liée à la situation socioéconomique, au sexe et à l’identité culturelle, tandis que la délinquance accompagnée de violence découle des expériences de discrimination et de racisme58.

Une analyse systématique d’études réalisées dans huit pays, y compris le Canada, a révélé que même si les jeunes immigrants de première génération sont davantage victimes d’intimidation que les jeunes nés au Canada, ils sont peut-être moins victimes de violence dans leur quartier15. Les études sur la délinquance et la consommation de substances psychoactives font foi de taux plus faibles de troubles du comportement ou de troubles des conduites chez les adolescents immigrants de première génération que chez les jeunes d’origine canadienne59. D’autres recherches ont démontré que :

  • de nombreux adolescents immigrants déclarent être victimes de harcèlement, de racisme et de discrimination19,20,5,58.
  • les jeunes hommes immigrants sont moins susceptibles de se sentir en sécurité à l’école5.
  • les jeunes immigrants peuvent trouver que les valeurs de leur famille et celles de leurs camarades60 sont conflictuelles, éprouver de la difficulté à nouer des relations avec leurs camarades de diverses origines, et ressentir de l’isolement social.
  • les jeunes qui sont plus âgés au moment d’immigrer trouvent parfois difficile de s’intégrer aux réseaux sociaux déjà établis de leurs camarades d’origine canadienne.
  • Tous ces problèmes peuvent limiter l’intégration et contribuer à l’isolement social, ce qui peut favoriser à la fois la victimisation et le recrutement dans des activités criminelles, telles que les gangs et la prostitution19.

Les publications scientifiques sur l’acculturation et la violence ou la délinquance chez les jeunes sont hétérogènes. Nous savons que les enfants moins intégrés ou acculturés sont moins susceptibles de sombrer dans la délinquance et la violence, mais une étude réalisée au Manitoba auprès des jeunes Chinois a révélé que des relations entretenues surtout avec des camarades chinois étaient également un facteur de risque de délinquance4,57. Une identité ethnique positive et l’auto-efficacité biculturelle (similaire à une acculturation intégrée) semble être un facteur de protection contre la délinquance et la violence61. Les écarts d’acculturation entre les jeunes immigrants et leurs parents semblent être un facteur de risque de délinquance et de violence, peut-être parce que les jeunes aux prises avec des conflits à la maison sont plus susceptibles de s’associer à des camarades délinquants39,62.

Les obstacles et les incitations aux soins

Lorsqu’ils ont besoin de soins, les adolescents immigrants accordent généralement de l’importance aux mêmes facteurs que les autres jeunes, tels que la propreté, l’honnêteté, la compétence, le respect et la confidentialité63. Les adolescents qui cherchent et qui reçoivent des soins pertinents affrontent les obstacles suivants63-67 :

  • Les inquiétudes à l’égard de la confidentialité et du respect
  • Les difficultés à s’orienter dans le système de santé
  • L’évolution des capacités de l’adolescent, de l’autonomie et de la relation avec ses parents
  • Les difficultés à parler de sujets délicats (santé sexuelle et mentale, consommation de substances psychoactives, comportements à risque)

Les adolescents immigrants se heurtent à bon nombre des mêmes obstacles et incitations aux soins que les enfants néo-canadiens, mais ils en affrontent aussi d’autres. Par exemple, ils sont très conscients des possibilités de préjudices ou de discrimination. Ils craignent que les dispensateurs de soins émettent des hypothèses sur leurs comportements (p. ex., ils trouvent que les cliniciens ne « devraient pas toujours croire que les adolescents asiatiques s’abstiennent tous d’avoir des relations sexuelles et de consommer de la drogue »). Ils veulent s’assurer d’être traités de la même façon que les autres adolescents, de discuter de sujets délicats et d’obtenir de l’aide dans leurs relations complexes avec leurs parents63.

Les adolescents immigrants ont exprimé toute une diversité de points de vue sur l’importance de la confidentialité et le recours à des services d’interprète. Les divergences peuvent être en partie liées à l’acculturation63 :

  • Les jeunes très acculturés peuvent tenir davantage à la confidentialité et désirer protéger leurs parents de l’information inquiétante. Les jeunes moins acculturés sont plus susceptibles de penser que les parents ont le droit de tout savoir sur leur santé.
  • Certains adolescents préfèrent être l’interprète de leur famille pour protéger la confidentialité, mais ils peuvent également mal traduire l’information sciemment, pour la dissimuler à leurs parents.

Il faut éviter de se fier à l’adolescent pour interpréter, parce que la responsabilité du jeune envers la santé et le bien-être de sa famille devient disproportionnée.

Ce que les professionnels de la santé peuvent faire

Pendant les premières années de transition au Canada, les adolescents immigrants trouvent que le soutien des professionnels de la santé fait partie des ressources qui leur sont les plus utiles. Ils le placent seulement en deuxième place après leurs camarades et à égalité avec leurs enseignants5.

Les cliniciens jouent un rôle particulier lorsqu’ils prodiguent des soins accueillants pour les adolescents. Ils peuvent améliorer les rencontres et les résultats cliniques grâce aux mesures suivantes :

La mobilisation des patients, et peut-être de leur famille, d’une manière adaptée à leur développement

  • Évaluer et soutenir la capacité émergente des adolescents à prendre des décisions médicales éclairées68.
  • Évaluer au cas par cas la participation des parents et des tuteurs aux décisions médicales, au consentement et la confidentialité. Tenir compte du développement psychosocial et de la capacité de l’adolescent, ainsi que des enjeux éthiques et juridiques68.
  • Rencontrer systématiquement les adolescents seuls pendant une partie de chaque rendez-vous. Donner des soins confidentiels sur les sujets délicats (p. ex., santé sexuelle, santé mentale et consommation de substances psychoactives). Les limites à la confidentialité peuvent toucher les capacités émergentes de l’adolescent, des inquiétudes importantes quant à sa sécurité (p. ex., idéation suicidaire ou homicidaire, négligence ou violence) et des problèmes liés à la santé publique ou à des enjeux éthiques ou juridiques65,69.
  • Comme pour tout adolescent, évaluer et traiter les questions liées à la santé sexuelle (p. ex., développement de l’identité, contraception, dépistage, prévention des ITS et conseils sur les risques et les comportements), dans le respect de la confidentialité et du développement.

Le dépistage et l’évaluation des adolescents immigrants

  • Entrevue psychosociale : Effectuer une entrevue psychosociale confidentielle, fondée sur les forces et adaptée au développement auprès de tous les adolescents immigrants. Discuter de confidentialité avec l’adolescent et ses parents ou ses tuteurs, y compris les limites65,69. Les outils d’entrevue les plus utilisés (même s’ils ne sont pas validés) sont :
    • HEEADSSS : Acronyme anglais pour maison, éducation et emploi, alimentation, activités avec les camarades, drogue, sexualité, suicide et dépression, et sécurité à l’égard des blessures et de la violence70;
    • SSHADESS : Acronyme anglais pour forces, école, maison, activités, consommation de drogues et de substances psychoactives, émotions et dépression, sexualité, sécurité71,72.
  • Sujets délicats pour l’adolescent : Évaluer le stress et la capacité d’adaptation de l’adolescent, la santé mentale personnelle et familiale, la consommation de substances psychoactives et la santé sexuelle. Ne jamais présumer que parce qu’il appartient à une certaine culture, un jeune est plus ou moins susceptible d’adopter un comportement donné. Une telle présomption peut entraîner un surdépistage ou un sous-dépistage et peut être perçue comme discriminatoire63. Pour en savoir plus, voir le module intitulé Les compétences culturelles.
  • Promotion de la résilience : Adopter l’approche suivante fondée sur les forces pour favoriser le développement positif du jeune.

Les soins compétents adaptés à la culture favorisent des relations thérapeutiques et équitables avec les adolescents immigrants. Les cliniciens doivent73 :

  • avoir conscience de leurs propres préjugés culturels et les gérer.
  • convenir du rôle de la culture sur les croyances et les comportements du patient.
  • faire preuve de respect, de curiosité et d’humilité auprès des patients de diverses origines culturelles.
  • éviter de perpétuer les stéréotypes et de faire des présomptions. Éviter les listes conçues pour des groupes ethnoculturels particuliers et accepter la diversité.

Les cliniciens prodiguent des soins adaptés à la culture s’ils s’informent des sujets suivants et les approfondissent74 :

  • Expériences d’immigration et conséquences sur la santé mentale : Peut inclure l’histoire de l’immigration, le stress ou les traumatismes liés à l’immigration. Être à l’affût des conséquences du stress et des conflits liés à la migration et à l’acculturation sur la santé physique et mentale. Tenir compte de facteurs comme les traumatismes subis avant la migration, les facteurs de stress après l’établissement, les conflits intergénérationnels et les ressources d’adaptation.
  • Développement de l’identité et acculturation : Évaluer le développement de l’identité raciale et ethnique des adolescents immigrants, le type d’acculturation et l’expérience des préjudices, du racisme ou de la discrimination perçus. Selon la situation, s’informer de ce que le problème de santé signifie pour l’adolescent, et en quoi les soins qu’il se donne et ceux que sa famille lui prodigue risquent d’être affectés par les pratiques et croyances culturelles. Soutenir l’intégration de l’acculturation (ou l’identité biculturelle) en encourageant l’affiliation et l’identité avec la culture d’origine, mais également les liens avec le pays d’adoption75.
  • Exploration de la dynamique familiale : Évaluer la connexité et le stress de la famille, les écarts d’acculturation potentiels, les types de conflits familiaux, les facteurs de stress liés à l’immigration chez les parents, l’acculturation et les pressions socioéconomiques et les problèmes d’attachement potentiels. Les cliniciens peuvent contribuer à exploiter le développement de l’identité ethnique positive de l’adolescent (p. ex., encourager la participation au sein de la famille et de la communauté lors d’événements culturels ou religieux). Ils peuvent aussi aider les parents à mieux comprendre les facteurs de stress que vivent les enfants dans leur développement personnel et leur acculturation et faciliter la communication entre les parents et l’enfant76. Les adolescents peuvent avoir besoin d’aide supplémentaire pour acquérir les habiletés linguistiques nécessaires pour communiquer leurs sentiments et d’un soutien psychosocial supplémentaire pour acquérir les capacités de compréhension et d’adaptation.
  • Rapports de connexité : Encourager la participation aux activités de la famille, de l’école, des camarades qui adoptent un comportement prosocial et de la collectivité. Être un centre de transmission des connaissances en orientant l’adolescent vers les services communautaires qui favorisent son développement positif et son identité culturelle.

Parmi les questions utiles pour explorer l’identité et l’acculturation, soulignons :

« Où es-tu né? »
« Où tes parents sont-ils nés? »
« Qu’est-ce que le fait d’être (inclure le groupe ethnique) signifie pour toi? »
« Quelle langue parlez-vous à la maison? » et
« Quel(s) groupe(s) ethnique(s) préfères-tu fréquenter? »
74

Voir le module sur l’évaluation médicale pour en savoir plus sur l’anamnèse chez les jeunes immigrants néo-canadiens.

Promouvoir la résilience et le développement positif de l’adolescent

Habituellement, les soins aux adolescents sont axés sur les problèmes et s’attardent sur les comportements à risque et les facteurs de risque. Cependant, les paradigmes de résilience et de développement harmonieux des jeunes (DHJ), qui font appel à une démarche axée sur les forces, ont récemment émergé77-79. Selon ce paradigme de DHJ, les jeunes sont des ressources à développer plutôt que des problèmes à gérer80. Cette démarche est particulièrement importante pour les adolescents immigrants, qui affrontent des facteurs de stress liés à leur migration et à leur acculturation, lesquels peuvent promouvoir des comportements d’adaptation malsains. De plus, l’acculturation et le développement de l’identité peuvent avoir une influence marquée sur les facteurs de risque et les facteurs de protection des adolescents.

Les cinq volets d’un DHJ81 Compétence : Perception positive de ses propres actions dans des secteurs précis

Confiance : Sentiment positif d’auto-efficacité et d’estime de soi

Connexité : Rapports positifs avec les individus et les établissements (p. ex., camarades, famille, école et collectivité)

Moralité : Respect des normes sociétales et culturelles et sentiment de moralité et d’intégrité

Compassion et empathie : Sympathie et empathie pour les autres

Contribution (sixième C) : Apport à la collectivité

Lorsqu’ils abordent des problèmes de santé délicats, les cliniciens doivent donner des conseils adaptés à la culture et au développement, axés sur les forces et corroborés par des données probantes82,83. Ce processus exige de respecter les éléments suivants :

  • Établir une relation de confiance, où la confidentialité est respectée.
  • Constater les forces de l’adolescent et en tirer profit.
  • Aider à l’acquisition et au renforcement des comportements sains et des stratégies d’adaptation positives82,83.

Certaines stratégies favorisent une adaptation et des comportements sains chez les jeunes : l’entrevue motivationnelle, la réduction des méfaits, la thérapie cognitivo-comportementale (TCP) et la pleine conscience83.

Les cliniciens joueront un rôle essentiel s’ils répertorient les facteurs de protection et contribuent à leur mise en œuvre, ce qui favorise la résilience et l’adaptation84. Les rapports de connexité culturelle, familiale et scolaire revêtent une importance particulière5,79. Une liste de facteurs qui favorisent la résilience chez les jeunes nouveaux arrivants figure dans un autre module du présent site Web.

Encourager la participation à des activités de développement harmonieux des jeunes

Les cliniciens devraient contribuer à mettre des facteurs de protection en place en se familiarisant avec les programmes de DHJ dans leur collectivité et en y dirigeant les jeunes. Un module sur les services communautaires pour les jeunes immigrants peut être consulté dans le présent site Web.

Les programmes de DHJ favorisent les facteurs de protection, établissent les rapports de connexité avec les camarades et les adultes qui adoptent un comportement prosocial et tiennent compte des facteurs de risque courants.

Par exemple, l’art et la musique peuvent contribuer à l’estime de soi. Cependant, toute activité peut être protectrice, car elle aide les adolescents immigrants à se sentir motivés et valorisés5. Les programmes de DHJ varient selon les besoins des familles et des communautés, mais ils peuvent inclure le mentorat des adolescents, les groupes d’entraide entre jeunes, la formation aux saines aptitudes parentales, la promotion de l’inclusion et de la fréquentation scolaire, l’enseignement des aptitudes de vie et des aptitudes socioaffectives, l’enseignement d’habiletés pour créer des relations plus saines et l’acquisition d’identités saines à l’égard de l’ethnie, de la sexualité et du genre. Ces programmes peuvent réduire considérablement les comportements à risque77,85, promouvoir les valeurs prosociales et favoriser des associations et une identité culturelles positives chez les adolescents immigrants86-88.

« Le Canada ne sera pas un pays multiculturel prospère tant qu’il n’aura pas jeté des ponts entre ses diverses communautés. »

« Pour avoir un sentiment d’appartenance, il faut avoir des relations. Mais ici, [il n’y a pas] assez d’endroits pour tisser ces liens et rencontrer de nouvelles personnes. »

« Nous avons besoin… de lieux sécuritaires pour que les gens se mêlent : immigrants, Autochtones et Canadiens. »

Source : Youth Voices 2013

Quelques ressources pour les adolescents immigrants

Une liste des services communautaires pour les jeunes immigrants figure dans le présent site Web.

Quelques ressources pour les professionnels de la santé

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Réviseurs scientifiques

Dzung Vo, MDDzung Vo, MD
Carla Hilario, RN, MSN, PhD Candidate
Kevin Pottie, MD

 

Révision(s) par:

Ashley Vandermorris, MD

Karen Leis, MD

Mise à jour : octobre, 2024