L’évaluation de la tuberculose chez les enfants réfugiés syriens après leur arrivée au Canada
L’évaluation avant l’arrivée
Dans le cadre de l’examen médical aux fins de l’immigration (EMI), tous les enfants de 11 ans et plus devraient subir une radiographie pulmonaire dans leur pays d’origine. D’après les résultats de l’EMI et de l’examen physique, tous les enfants chez qui on craint une tuberculose (TB) active devraient subir une évaluation de la TB dans leur pays d’origine. Les personnes qui reçoivent un diagnostic de TB active devraient être traitées avant leur arrivée au Canada. Ni le test cutané à la tuberculine (TCT) ni le test de libération d’interféron gamma (TLIG) ne sont effectués systématiquement auprès des nouveaux arrivants au Canada.
L’épidémiologie
Avant le conflit actuel en Syrie, l’incidence de TB active était estimée à 16 cas sur 100 000 habitants, ce qui contraste avec le taux de 4,6 cas sur 100 000 habitants au Canada, de dix cas sur 100 000 habitants à Toronto et de 150 à 120 cas sur 100 000 habitants dans le monde.
Ce taux a peut-être augmenté dans les camps de réfugiés, mais les données sur le sujet sont rares. Il est probable qu’en Syrie, le fardeau de la TB demeure plutôt faible. Selon la politique syrienne en matière d’immunisation, le vaccin bacille Calmette-Guérin (BCG) est administré à la naissance.
Le dépistage après l’arrivée au Canada
Le dépistage systématique par le test cutané à la tuberculine auprès de cette population chez qui le risque est plutôt faible (particulièrement les enfants plus jeunes, vaccinés contre le BCG) produira un certain nombre de tests faussement positifs. Étant donné le taux relativement faible de TB en Syrie et le potentiel de résultats faussement positifs, il n’est pas recommandé de procéder au dépistage de la TB latente au moyen du test cutané à la tuberculine ou du TLIG chez les enfants réfugiés syriens, conformément aux lignes directrices à jour de la Canadian Collaboration for Immigrant and Refugee Health (CMAJ, décembre 2015). La surveillance permettra de donner d’autres directives à ce sujet.
Si le dépistage est effectué malgré ces lignes directrices, un test cutané positif justifie une radiographie pulmonaire. Les enfants asymptomatiques dont le test cutané à la tuberculine est positif et dont la radiographie est normale ne devraient pas être mis en isolement ou être considérés comme potentiellement contagieux. De telles mesures s’associent à une anxiété inutile et à un potentiel de stigmatisation.
La TB active
La TB active existe, et il est essentiel de la déceler. Pendant leur anamnèse, le personnel médical devrait demander à chaque réfugié syrien s’il a déjà reçu un diagnostic de TB et subi un traitement pour la soigner. Si l’on craint une TB, les expectorations pour les frottis et les cultures de la TB demeurent le meilleur moyen de poser un diagnostic chez les enfants en mesure de les fournir, généralement après l’âge de huit ans. Les expectorations induites donnent un meilleur rendement que les expectorations spontanées, mais exigent des compétences (p. ex., d’un inhalothérapeute formé) et des chambres à pression négative à débit d’air élevé. Une fois obtenues, il faut les envoyer en laboratoire. Il est préférable d’effectuer trois prélèvements plutôt qu’un, à intervalle minimal d’une heure. Un clinicien qui veut diagnostiquer une TB doit demander « le frottis et la culture de mycobactéries » plutôt que « la culture et sensibilité bactériennes » de la TB. Autrement, seules les cultures bactériennes standards seront effectuées. Chez les enfants plus jeunes atteints d’une TB intrathoracique, les aspirats gastriques sont utiles à la culture. Il faut toutefois demander les conseils d’un spécialiste en cas de présomption de TB, particulièrement chez un jeune enfant.
Les caractéristiques de la TB active à l’adolescence et à l’âge adulte incluent :
- une fièvre prolongée,
- des sueurs nocturnes,
- une perte de poids,
- une toux, accompagnée ou non d’hémoptysie.
Une atteinte alvéolaire du lobe supérieur chez un enfant plus âgé, un adolescent ou un adulte, surtout s’il souffre d’une toux prolongée, accroît toujours la présomption de TB, mais toute atteinte alvéolaire peut lui être attribuable.
Chez les enfants plus jeunes, la présentation de la TB peut être variable et toucher plusieurs systèmes. Souvent, les symptômes ne sont pas spécifiques. Les symptômes classiques de sueurs nocturnes et de perte de poids sont rares. La plupart des enfants qui toussent depuis moins de deux semaines, particulièrement s’ils souffrent de symptômes viraux qui se propagent au sein de la famille, sont atteints d’une maladie virale ou bactérienne des voies respiratoires supérieures et n’ont pas besoin de radiographie pulmonaire (à moins qu’elle soit indiquée pour des raisons cliniques, afin d’écarter la pneumonie), simplement pour écarter la TB.
Une fièvre et une toux qui persistent plus de deux semaines accroissent la probabilité de TB au sein de cette population, mais d’autres diagnostics demeurent plus probables. La plupart des jeunes enfants atteints de la TB, généralement âgés de moins de dix ans, ne sont pas contagieux. La lymphadénopathie intrathoracique, hilaire ou médiastinale, est caractéristique de la TB en pédiatrie.
Mise à jour : mars, 2018